EGLISES FORTIFIEES
DE THIERACHE

 UN PEU D'HISTOIRES

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Pauvre patron d'AUBENTON : Il existe dans le département de l’Aisne une petite contrée que l’on nomme la Thiérache, pays d’un aspect sauvage, triste, froid, humide, déchiré par les ravins et dont le sol pierreux semblable à l’Arabie Pétrée est ça et là parsemé de bois qui sont comme autant d’Oasis répandues sur cette terre ingrate et dont la configuration ressemble aux ondulations immenses d’une mer en courroux, offrant tour à tour des montagnes et des vallées profondes.

C’est au milieu de ce pays d’un effet assez pittoresque en été, qu’est assise, comme une veuve en deuil aux bords d’une rivière qui coule entre deux vastes prairies, la petite ville d’Aubenton avec ses bleus toits d’ardoises si brillants au soleil et sa filature gigantesque qui, le soir, ressemble à un château magique éclairé de mille lumières...

L’industrie est la seule fée qui habite ce château dont M Louis Ternaux fils est propriétaire : estimable et bon citoyen qui, après avoir semé dans cette contrée pauvre les germes d’un bonheur et de la prospérité n’a guère recueilli que l’ingratitude... 
(La France littéraire par Ch Malo - 1832).
 

LA BOUTEILLE : L’origine du village de La Bouteille remonte au 16e siècle. A cette époque se tenait un hameau composé de quelques maisons. Mais le lieu était propice à la verrerie car on trouvait proche, des bois nombreux pour chauffer les fours, de l’eau (le Thon, le faux ruisseau et le ruisseau des fontaines d’Aubenton) et de matières propres à la fabrication du verre…

En effet, les plateaux Thiérachiens sont recouverts par des couches plus ou moins épaisses de sables mélangés de lignites, de galets de quartz et autres fragments de roches primaires, d'argiles à silex et de limons des plateaux. C’est ainsi qu’en 1540 s’établit une fabrique de bouteilles qui connue promptement une belle renommée.
( D'après : E. Chantriot - Annales de Géographie).

On rapporte également que le nom donné au lieu, puis par voie de conséquence au village, pourrait avoir une origine plus ancienne (fin 15e) et trouverait son explication dans une bouteille que les chasseurs de l'époque suspendaient à un arbre pour marquer l'endroit où ils devaient se retrouver. 
 
La fontaine miraculeuse de GRONARD  Gronard se situe dans la vallée de la charmante rivière : la Brune. Saint-Théodulphe, plus connu sous le nom de Saint-Thiou pour les gens de Thiérache, vint s'y réfugier au 6e siècle. La plupart des hagiographes le font naître en Aquitaine. Cependant, le bénédictin Dom Lelong dans son "histoire ecclésiastique et civile de Laon" pense qu'il est né à « Gronas » vers l'an 500...
 
La légende dit : bien qu'il fût homme libre et riche de la Gaule mérovingienne, il mit toute son énergie à défricher la terre et à élever des porcs (élevage propice dans nos forêts regorgeant de glands). Il le fit si bien et avec tant de piété et de sagesse pour la population qu'il fut  élevé à la dignité d'abbé. Il mourut dans une grande vieillesse le 1er mai 590. On rapporte que les reliques du saint homme opérèrent dans le laonnois des guérisons merveilleuses lors des grandes épidémies de peste de 1007...
 
En sa mémoire, le 1er mai devint fête patronale. La commune organisa, chaque année, une procession à la fontaine miraculeuse que Saint-Thiou fit sourdre en enfonçant dans la terre le contre de sa charrue. On rapporte que les bébés y étaient plongés afin de leur éviter les coliques et les faire marcher plus précocement.
(D'après : Histoire écclésiastique du diocèse de Laon par N. Le long)

Toujours à propos du 1er mai, l'usage voulait de porter sur soi une branche de verdure sinon, on s'exposait à recevoir un seau d'eau sur la tête ! Et celui qui le jetait promptement disait : « Eh bien dites donc : Je vous prends sans vert ! ». Ah là là, les bonnes choses se perdent...
(D'après l'Aisne et ses habitants à travers les siècles - rapporté par A.Girard - R.Boitte)
 


La foire aux belles filles de VERVINS : Savez-vous qu'il y a 2 foires à Vervins, celle de printemps et celle d'hiver. "La foire aux belles filles et aux laides vaches ", c'est la foire du 1er mai. Ainsi appelée parce qu'après l'hiver les femmes ont retrouvé cette belle peau blanche que le hâle et les rudes labeurs des champs leur avaient fait perdre pendant l'été. Tandis que les pauvres vaches, réduites depuis six mois à la maigre pitance de l'étable, ont changé de bien en mal...

Par la raison contraire, la foire du 1er décembre s'appelle "La foire aux belles vaches et aux laides filles" !
 (La Thiérarche : dictons - E. Piette)  

Etat des routes à SAINT-PIERRE : « Saint-Pierre l’ornière ». Ainsi nommé à cause du mauvais état de ses chemins. Car hormis sur les routes royales ou départementales, il était à peu près impossible de voyager en Thiérache pendant la mauvaise saison autrement qu’à pied ou à cheval.

Ainsi, les produits de l’agriculture et de l’industrie ne circulaient qu’à grands renforts d’attelages de 8 à 10 chevaux, escortées de chaque côté d’autant d’hommes qui combinaient leurs efforts pour maintenir avec des cordes leur chargement en équilibre, ou à «débocter» (désembourber) les attelages des ornières…

Ces cloaques que l’on appelait « des plombs » sans doute parce que les roues s’y trouvaient comme soudées, étaient notés dans le pays sur des cartes, comme le sont les bancs de sable sur les cartes marines.
(La Thiérarche : dictons - E. Piette)

On ripaille dans Notre Dame d'AUBENTON : Durant la période révolutionnaire l'église Notre Dame sera interdite de liberté de cultes. Elle devient un temple dédié à la déesse Raison. L'édifice est transformé en théâtre où se jouent des pièces burlesques et dans lequel on mène grand train ! L'église reprend ses droits au catholicisme en 1802.

La forêt de LA HERIE : Une grande et belle forêt s’étendait autour du village de La Hérie, et appartenait aux sires de Coucy. L’un d’eux, Enguerrand III, la donna en 1205 à l’abbaye de Saint Corneille de Compiègne… Pour racheter son âme !

le croquemitaine de VERVINS Au 17e siècle, le nom de « Jean Venet » s’apparente à une espèce de Croquemitaine qui appartient particulièrement au bourg de Vervins... Dans chaque habitation, il est la personnification des terribles vents qui mugissent par les joints des portes et des fenêtres…

En ce temps-là, les mères disant à leurs petits diables : «Entends-tu Jean Venet ? Fais attention, Jean Venet t’emportera si tu n’es point sage !». Sûr qu’au milieu des pleurs et des cris, cette menace fait effet et apaise illico le bambin chouineur…

L’origine de cette histoire est bien évidemment incertaine, mais un historien a su relever dans les registres de l’état civil de 1681, le nom d’un «Venet», forgeron à Vervins. Pour lui, il est probable que notre Croquemitaine n’est autre que ce noble artisan qui sera devenu légendaire par la puissance du soufflet qui avivait les feux de sa forge…

Certes, des Venet subsistent encore à Vervins, mais les métiers de la forge ayant disparu et les bas de portes tout de même mieux calfeutrés, on peut se demander avec malice comment font aujourd’hui les mamans pour calmer leur bout’ chou ?.
(D'après : La Thièrache : dictions - E. Piette).

Nicole de VERVINS : Vivait à Vervins une jeune fille d'environ 15 ans, ignorante, vaporeuse et sujette à des attaques de nerfs… Nicole Obry, c’était son nom. Priant un jour sur la fosse de son grand-père, elle crut voir un spectre qui lui adressait la parole ! Oups ! Cette vision, qui se renouvela les jours suivants, la remplit d’épouvante et la fit tomber dans des convulsions dont chacun interpréta la cause à sa manière. Alerté, le Clergé de Vervins prononça illico qu’elle était possédée. Et voilà Nicole amenée à Laon le 24 Janvier 1565 pour y être exposée aux regards du peuple sur un échafaud hautement dressé dans la belle Cathédrale qui surplombe majestueusement la ville.
 
Mais Toute la France retentit du bruit de cet événement lorsque, quelques heures à peine après son installation, Nicole jura qu’elle parlait au nom d’un diable appelé Belzébuth et que ce Belzébuth se disait accompagné joyeusement de vingt-neuf autres diables. Houlà ! C’était du lourd ! Trop lourd peut-être, puisque peuple et clergé se demandèrent si, finalement, tout cela n’était pas qu’une triste comédie qui se jouait à leurs dépens ! 

Il fallait tout de même prendre des mesures. Alors, tout ce que le clergé comptait d’exorciste s’employa rudement et... les 29 diables furent hardiment dépossédés du corps accueillant de la pauvre Nicole et chassés promptement de la cathédrale mais… Rien à faire, Belzébuth demeura !

Les mouvements qu’on se donnait de part et d’autre du peuple et du clergé (catholiques et protestants) pour croire ou ne pas croire à cette histoire produisaient toujours une si vive agitation que le Gouverneur du lieu, l'important Maréchal François de Montmorency, zélé Catholique comme toute sa famille, crut devoir s’en occuper.

Il écrivit le 1er février à l’Evêque-Duc de Laon (Jean de Bours) pour l’engager presto à en finir avec cette tragédie dont la principale actrice tient, dit-il, des propos qui ne tendent qu’à sédition. Il ne dissimula point qu’à son avis les malins esprits dont est possédée la rudesse ne sont pas du tout diaboliques ! Et que ce pourrait être quelque jeu industrieux pour convoquer le peuple à ce spectacle et l’émouvoir. Bref, il conta doucement que si l’Evêque n’étouffait pas au plus vite cette affaire, il saurait bien en trouver les moyens dans toute l’autorité que le Roi lui confiait.

Aïe ! A dire vrai, cette lettre accéléra rapidement l’expulsion de Belzébuth, qui alla, dit-on, se faire pendre ailleurs... Les jours passèrent, on démonta l’échafaud et l’affaire
retomba.
 
Plusieurs écrivains en publièrent l’histoire, exposant mordicus leur vérité tout personnelle. Quelques femmes essayèrent de marcher sur les traces de Nicole, mais aucune d'elles n’eut le même succès. Nicole elle-même ne fut guère plus heureuse lorsqu’en 1577 se donnant une seconde fois en spectacle dans la Cathédrale d’Amiens, elle y retrouva la vue par un nouveau miracle.

Mais celui-là ne fit aucune sensation et l’on ne vit pas les Catholiques essayer d’en tirer avantage quoiqu’on fût alors au plus fort des troubles religieux...

(D'après : histoire de la ville de Laon par JF.L Devisme).


 
 
 
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