le croquemitaine de VERVINS : Au 17e siècle, le nom de « Jean Venet » s’apparente à une espèce de Croquemitaine qui appartient particulièrement au bourg de Vervins... Dans chaque habitation, il est la personnification des terribles vents qui mugissent par les joints des portes et des fenêtres…
En ce temps-là, les mères disant à leurs petits diables : «Entends-tu Jean Venet ? Fais attention, Jean Venet t’emportera si tu n’es point sage !». Sûr qu’au milieu des pleurs et des cris, cette menace fait effet et apaise illico le bambin chouineur…
L’origine de cette histoire est bien évidemment incertaine, mais un historien a su relever dans les registres de l’état civil de 1681, le nom d’un «Venet», forgeron à Vervins. Pour lui, il est probable que notre Croquemitaine n’est autre que ce noble artisan qui sera devenu légendaire par la puissance du soufflet qui avivait les feux de sa forge…
Certes, des Venet subsistent encore à Vervins, mais les métiers de la forge ayant disparu et les bas de portes tout de même mieux calfeutrés, on peut se demander avec malice comment font aujourd’hui les mamans pour calmer leur bout’ chou ?.
(D'après : La Thièrache : dictions - E. Piette).
Nicole de VERVINS : Vivait à Vervins une jeune fille d'environ 15 ans, ignorante, vaporeuse et sujette à des attaques de nerfs… Nicole Obry, c’était son nom. Priant un jour sur la fosse de son grand-père, elle crut voir un spectre qui lui adressait la parole ! Oups ! Cette vision, qui se renouvela les jours suivants, la remplit d’épouvante et la fit tomber dans des convulsions dont chacun interpréta la cause à sa manière. Alerté, le Clergé de Vervins prononça illico qu’elle était possédée. Et voilà Nicole amenée à Laon le 24 Janvier 1565 pour y être exposée aux regards du peuple sur un échafaud hautement dressé dans la belle Cathédrale qui surplombe majestueusement la ville.
Mais Toute la France retentit du bruit de cet événement lorsque, quelques heures à peine après son installation, Nicole jura qu’elle parlait au nom d’un diable appelé Belzébuth et que ce Belzébuth se disait accompagné joyeusement de vingt-neuf autres diables. Houlà ! C’était du lourd ! Trop lourd peut-être, puisque peuple et clergé se demandèrent si, finalement, tout cela n’était pas qu’une triste comédie qui se jouait à leurs dépens !
Il fallait tout de même prendre des mesures. Alors, tout ce que le clergé comptait d’exorciste s’employa rudement et... les 29 diables furent hardiment dépossédés du corps accueillant de la pauvre Nicole et chassés promptement de la cathédrale mais… Rien à faire, Belzébuth demeura !
Les mouvements qu’on se donnait de part et d’autre du peuple et du clergé (catholiques et protestants) pour croire ou ne pas croire à cette histoire produisaient toujours une si vive agitation que le Gouverneur du lieu, l'important Maréchal François de Montmorency, zélé Catholique comme toute sa famille, crut devoir s’en occuper.
Il écrivit le 1er février à l’Evêque-Duc de Laon (Jean de Bours) pour l’engager presto à en finir avec cette tragédie dont la principale actrice tient, dit-il, des propos qui ne tendent qu’à sédition. Il ne dissimula point qu’à son avis les malins esprits dont est possédée la rudesse ne sont pas du tout diaboliques ! Et que ce pourrait être quelque jeu industrieux pour convoquer le peuple à ce spectacle et l’émouvoir. Bref, il conta doucement que si l’Evêque n’étouffait pas au plus vite cette affaire, il saurait bien en trouver les moyens dans toute l’autorité que le Roi lui confiait.
Aïe ! A dire vrai, cette lettre accéléra rapidement l’expulsion de Belzébuth, qui alla, dit-on, se faire pendre ailleurs... Les jours passèrent, on démonta l’échafaud et l’affaire retomba.
Plusieurs écrivains en publièrent l’histoire, exposant mordicus leur vérité tout personnelle. Quelques femmes essayèrent de marcher sur les traces de Nicole, mais aucune d'elles n’eut le même succès. Nicole elle-même ne fut guère plus heureuse lorsqu’en 1577 se donnant une seconde fois en spectacle dans la Cathédrale d’Amiens, elle y retrouva la vue par un nouveau miracle.
Mais celui-là ne fit aucune sensation et l’on ne vit pas les Catholiques essayer d’en tirer avantage quoiqu’on fût alors au plus fort des troubles religieux...
(D'après : histoire de la ville de Laon par JF.L Devisme).